Mon parcours avec le cododo: les hauts et les bas
par Flaurence C.D.
Je dors avec mes enfants depuis leur tendre naissance et j'en suis fière. Disponible à bout de bras, ma chaleur rassurante leur offre un réconfort constant. Je peux allaiter sans avoir à me lever, me rendormir en plein milieu de la tétée et bénéficier de ces précieuses minutes de sommeil gagnées. De plus, les avoir si petits à côté de moi m'apporte une joie qui est difficile à expliquer et je chéris de tout mon cœur la chance que j'ai.
Je dors avec mes enfants chaque nuit depuis leur naissance et j'en suis heureuse. Je profite de ces doux moments partagés, à les contempler et à m'imbiber de notre proximité. Parfois cependant, j'ai envie de quitter, me décoller un peu, mais quelques instants après m'être désistée, leurs pleurs me rappellent et je retourne me blottir contre eux. Les nuits complètes sans maman sont assez rares, mais je veux être leur source de réconfort et leur donner tout ce que je peux. Et puis, apprendre à dormir seul n'est pas synonyme d'indépendance, mais habitue seulement l'enfant à comprendre que la nuit tombée, maman limite sa présence.
Je dors avec mes enfants depuis leur tout premier jour et parfois je doute de mes choix. J'ai peur d'avoir créé une dépendance, peur qu'ils ne puissent jamais être bien sans moi. Qu'ils aient toujours besoin de pouvoir me toucher, qu'un sein dans la bouche soit toujours demandé. J'ai malgré tout ce sentiment d'accomplissement, de savoir que je suis disponible en tout temps. J'aime qu'ils puissent toujours compter sur moi, que maman réponde à leurs besoins, quels qu'ils soient. Cependant, je dois avouer que je jalouse parfois celles qui ont la paix toute la nuit une fois la porte fermée.
Je dors avec mes enfants chaque jour de l'année et parfois je suis épuisée. Je pleure silencieusement, coincée entre leurs corps collés. Prise au piège, courbaturée et mon corps qui se sent agressé. Ces petites mains qui cherchent constamment à me toucher prennent parfois l'allure de ceintures de contention et mes seins, malgré qu'ils soient vidés, n'arrivent pas toujours à échapper aux bouches qui veulent téter à profusion.
Le cododo est pour moi une bénédiction et une malédiction : il m'a fait passer par toutes sortes d'émotions. Je vis encore à ce jour ce combat constant, entre ma liberté et mes valeurs de maman. Tout cela pour dire que bien que les souvenirs de ces moments seront sans nul doute doux et nostalgiques, je tiens à me rappeler que j'aurai sacrifié corps et âme au nom d'un amour épique.